Un mégot dans le sable

Une petite fille blonde, habillée d’une robe rouge, court sur la plage. Elle porte un seau en plastique et elle ramasse des coquillages que l’océan a rejetés sur le rivage lorsqu’elle fait une découverte étonnante.

        – Oh ! C’est quoi ça, ne peut-elle s’empêcher de s’extasier à la vue d’un mégot que le sable vient de libérer.

        Elle le touche furtivement du bout des doigts à plusieurs reprises, et voyant que cela ne bouge pas et qu’elle n’a rien à craindre, elle le prend délicatement entre l’index et le pouce.

        – C’est mou, s’exclame-t-elle étonnée, lorsqu’elle presse légèrement le petit bout jaunâtre qui s’écrase sous ses phalanges.

         Lorsqu’elle rentre à la maison, son grand-père, qui la surveillait de loin par la fenêtre du salon, la questionne.

        – Alors, ma choupinette. Qu’as-tu trouvé comme trésor aujourd’hui ? 

        La petite blonde montre fièrement son seau rempli de beaux coquillages et elle sort sa mystérieuse découverte. Le vieil homme, à la barbe soignée, se gratte le menton. Cela fait bien longtemps qu’il n’a plus vu un mégot de cigarette. Ce poison a été interdit, il y a au moins dix ans, pense-t-il, avant de questionner la fillette.

        – Tu sais ce que c’est ? lui demande-t-il.

        – Ben, c’est un coquillage, grand-père, rétorque-t-elle comme si c’était une évidence.

        – Non, ça, c’était une cigarette. À l’avant, il y avait un tube de papier blanc rempli de tabac et les hommes la mettaient entre les lèvres, l’allumaient et avalaient la fumée. On appelait cela : fumer.

        – Ah, répond la petite fille très surprise. Est-ce que c’était bon ?

        – Oh ! Non, c’était infect. La fumée envahissait ta bouche, elle laissait un goût amer et une odeur nauséabonde sur le palais.

        – C’était donc pour se guérir qu’ils faisaient cela, dit-elle en souriant, car elle croit avoir deviné le but de cette curieuse pratique.

        – Oh ! Non, c’était le contraire. La cigarette était très nocive pour le corps humain et elle faisait beaucoup de morts chaque année.

        La petite fronce les sourcils. Elle commence à penser que son grand-père lui raconte des bêtises. Ce ne serait pas la première fois, mais elle remarque qu’il a l’air sérieux. Elle essaie donc de comprendre.

        – Ça les rendait de bonne humeur alors ?

        – Que du contraire, lorsqu’ils ne pouvaient pas en fumer pendant une certaine période, ils étaient nerveux et ils devenaient agressifs, même avec leurs enfants.

        – Dis donc, papy, tu me prends vraiment pour une idiote, dit-elle, en posant les mains sur ses hanches et en le regardant fixement dans les yeux.

        – Je t’assure, ma petite chérie, affirme le pépé.

       

La fillette n’aimait pas beaucoup quand il la taquinait. Son histoire de cigarette, c’était le plus gros bobard qu’il ne lui avait jamais raconté. Cela sentait mauvais, c’était nocif pour la santé, cela rendait désagréable et ce n’était pas bon ! Elle réfléchit et pensa à une question qui allait le piéger.

        – Et pourquoi fumaient-ils alors ?

        – Par addiction, répond le pépé.

        – Car en plus, de tout cela, la cigarette était une drogue ! s’exclame-t-elle.       

        – Et ce n’est pas tout, reprit l’homme en s’esclaffant. Cela coûtait une véritable fortune !

       

Elle le regarde rire de bon cœur et elle découvre qu’il la fait marcher depuis un bon moment et elle se met à rigoler avec lui comprenant l’absurdité de l’histoire qu’il venait de lui conter.

 

        Je me suis réveillé en sursaut. Une fillette était passée en courant à côté de moi. Elle était blonde et ramassait des coquillages sur le sable. C’était un cauchemar. J’ai attrapé une cigarette de mon paquet, je l’ai allumée et j’ai savouré la volute chaude qui descendait dans mes poumons. J’ai ensuite toussé à plusieurs reprises et tout en me rappelant le rêve que je venais de faire, je me suis dit que j’étais stupide. Je devais absolument arrêter de fumer. 

Auteur : Diego Rica

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